Jean Rivalant (1923-2004) est né à Kervalet, le plus important des villages de Batz-sur-mer (220 habitants en 1926), et il y a toujours vécu. Il a exercé le métier de paludier-cultivateur qu’il a transmis à ses fils et petits-fils. Dès sa jeunesse, Jean Rivalant a participé à tous les travaux collectifs du marais et de la terre. Ainsi, au contact constant de parents et d’Anciens qui n’avaient de cesse d’évoquer à l’occasion des piqueries d’oignons ou de la mise en sacs du sel leurs souvenirs de jeunesse, Jean avait mémorisé avec une précision extraordinaire une foule de dits, de récits et d’anecdotes sur la vie du pays paludier dont il avait le goût depuis sa plus tendre enfance. Parallèlement, il a retenu dès son plus jeune âge, le répertoire profane et populaire des chanteurs de Batz au premier rang desquels celui de son père menuisier, Aubin Rivalant (né en 1885), mais aussi de Marcel Guervel (né en 1902), de de Suzanne Malary (née en 1890) ou de Marie Mouilleron (née en 1886), puis ceux du bourg voisin de Saillé en Guérande. Jusque dans les années 50, rondes et bals ronds étaient restés une pratique communautaire des villages de Batz. Jeunes et moins jeunes s’y retrouvaient pour danser plusieurs dimanches de suite devant le domicile des parents d’un futur ménage. Reconnu dans tout le pays paludier comme un des meilleurs meneurs de chants à danser, Jean a été une référence pour sa pratique. Dès 1974, il a été approché par Francine Lancelot et Georges Paugam qui l’ont enregistré et filmé en situation de danse collective. Il a été aussi un témoin privilégié de Fernand Guériff ou de Gildas Buron qui a réalisé de nombreuses enquêtes auprès de lui dans le cadre de ses recherches sur les marais salants.  

(Gildas Buron)